Manziat : On a célébré le 80ème anniversaire de l’envol du Général de Lattre de Tassigny pour Londres

Cette commémoration a eu lieu il y a déjà huit jours en présence de nombreuses personnalités, dont Jean Deguerry, Président du Conseil départemental de l'Ain.
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On pouvait également reconnaître Michel Voisin, député honoraire de la circonscription, Guy Billoudet, Président de la Communauté de communes « Bresse et Saône » et conseiller départemental du canton de Replonges, ainsi des personnalités impliquées dans le devoir de mémoire et de nombreux manziatis, dont les descendants de résistants locaux et des enfants.

Dans son discours (Cf. texte retranscrit ci-dessous), le maire Denis Lardet a relaté cette page d’Histoire locale et rendu un vibrant hommage à la Résistance et aux valeurs qu’elle a incarné à travers ses actions. Soulignant que « le souvenir s’estompe à mesure que les témoins se font plus rares », il a demandé aux plus jeunes de prendre la relève pour perpétuer la mémoire : « Vous seuls pourrez empêcher que l’histoire tombe dans l’oubli » leur a-t-il expliqué.

Annie Chevret, petite fille de Mémé Broyer et Présidente du comité départemental de l’Ain de la Fondation du Maréchal de Lattre, s’est attachée à brosser le portrait « du Roi Jean » à travers ses phrases célèbres. Elle a évoqué également sa fidélité envers ceux qui lui ont permis de s’évader, notamment le réseau local de Résistance de la commune auquel il est resté très attaché, même après la guerre.

Pendant que les participants étaient invités à rejoindre la salle des fêtes où une aubade leur a été donnée par les deux sociétés musicales de la commune, une délégation restreinte s’est rendue à la stèle érigée sur le terrain clandestin Aigle.

LE DISCOURS DU MAIRE DENIS LARDET

« Nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer le 80ème anniversaire de l’envol du Général de Lattre de Tassigny pour Londres avec l’aide de la résistance locale sous le commandement de Mémé Broyer, le boucher du village. Mémé pouvait s’appuyer sur toute une équipe de résistants de la région des bords de Saône et plus largement du secteur C7. C’est grâce à l’aide et au soutien logistique de l’équipe de résistants locaux que Paul Rivière, chef de la SAP (section des atterrissages et parachutages) qui avait reçu l’ordre de préparer l’exfiltration du Général a réussi son coup. Le bimoteur qui repartait du terrain Aigle pour Londres dans la nuit du 16 au 17 octobre 43 était un Hudson de la Royale air force piloté par le Commandant Verity et le sous-lieutenant Affleck, aidé du lieutenant Bradburry le radio-mitrailleur. Mais avant l’épisode de Manziat, le Général, suite à son évasion de la prison de Rion, avait déjà trouvé un village d’accueil, à Compaims dans le Puy de Dôme, qui l’avait caché plusieurs semaines à la ferme du Baguet. Je salue amicalement les représentants du Puy de Dôme qui ont fait le déplacement.

Plus largement, en France, la Résistance a tant œuvré pour la Libération du pays. Cette Résistance, ce sont ces maquis qui, au lendemain du débarquement, ont agi pour gêner sans relâche la remontée de l’ennemi vers la Normandie, pour couper les lignes de communication allemandes et pour obliger les forces restées en arrière à la reddition.

Il faut rendre hommage encore et toujours à ces résistants qui ont combattu et sont devenus pour certains des martyrs pour une idée qu’ils jugeaient plus grande qu’eux : celle d’une France libre. Par notre présence, c’est de la gratitude qui s’exprime pour le sacrifice de ces résistants, de ces soldats de l’ombre.

Par leur héroïsme, notre pays a pu s’arracher à l’Occupation et redevenir lui-même. Pensons, en cet instant, à toutes celles et tous ceux, issus des Forces Françaises de l’Intérieur, de l’Armée Secrète (AS) et des Francs-tireurs et Partisans (FTP), comme aux simples civils, promis à l’époque à la même gloire et au même sacrifice et unis aujourd’hui à jamais dans la mémoire.

Aussi, aujourd’hui, je souhaite m’adresser tout particulièrement aux plus jeunes qui sont parmi nous et notamment aux enfants de nos deux écoles. A vous, reviendra bientôt cette charge de perpétuer la mémoire, de reprendre le flambeau, car le souvenir s’éloigne à mesure que les témoins se font plus rares et bientôt, vous seuls pourrez empêcher que l’histoire tombe dans l’oubli.

Certes, nos souffrances ne sont pas celles des années 1940, aussi durs que soient les maux de notre société actuelle. Les périls auxquels nous faisons face sont bien différents de ceux que les Français vécurent. Cependant les années passent et des haines se raniment, avec d’autres figures, dans d’autres circonstances, avec parfois les mêmes mots et les mêmes intentions.

La Résistance a su refuser toute complaisance envers ce qui affaiblit nos valeurs : la barbarie, le fanatisme et la xénophobie. Elle nous met en garde contre l’indifférence qui menace notre époque. Germaine Tillion, grande résistante, prévenait de son vivant : « il n’existe pas un peuple qui soit à l’abri d’un désordre moral collectif ». Ce sont le civisme de chacun et l’attention que nous portons aux plus fragiles dans notre société, qui confortent nos valeurs au quotidien. C’est cela la fraternité.

En deuxième lieu, la Résistance nous invite à l’unité et au rassemblement. Au sein de la Résistance il y avait des gens de tout bord et de tout milieu, il y avait ceux qui croyaient au ciel et ceux n’y croyant pas. Mais ces Français venus d’horizons différents sont restés soudés dans la lutte, car ils plaçaient leur unité au-dessus de leurs différends. C’est par l’unité de la Résistance voulue par le Général de Gaulle et construite notamment par Jean Moulin qu’il y a eu la victoire.

Enfin, la Résistance nous adresse un troisième message, un appel à la liberté et à l’égalité. La liberté, les résistants ont souvent donné leur vie pour elle. Il faut que les plus jeunes mesurent combien la liberté, l’indépendance et la paix en Europe ne sont leur héritage aujourd’hui, que parce qu’elles ont été des conquêtes hier.

Mesdames et Messieurs, nous sommes venus rappeler ici aujourd’hui, que l’Histoire, que l’Histoire de France, que l’Histoire de notre commune nous élève. Elle nous montre la grandeur des femmes et des hommes qui l’ont faite. L’histoire nous donne bien plus qu’un héritage à célébrer, bien davantage qu’un patrimoine à entretenir, l’histoire nous transmet l’éminente responsabilité d’être à la hauteur, à la hauteur du passé, à la hauteur des défis d’aujourd’hui.

Le Général de Lattre de Tassigny avait pour devise « ne pas subir », je pense sincèrement que cette devise n’a pas pris une ride et qu’elle doit rester la nôtre encore aujourd’hui et pour demain. »

Photos : Eric Bernet

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