Pont-de-Veyle : Salle comble pour la conférence de Christophe Greffet sur trois héros de la Résistance locale

90 personnes sont venues écouter samedi dernier Christophe Greffet, Président de la Communauté de Communes mais également érudit en Histoire locale, en présence de sa Vice-Présidente Agnès Renoud-Lyat et du maire de Pont-de-Veyle Michel Marquois.
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Cette conférence avait pour but de présenter trois figures de la Résistance du territoire durant la Seconde Guerre Mondiale.

Christophe Greffet a commencé par rapidement rappeler les grandes lignes de la défaite de juin 1940. La « meilleure armée du monde » battue en six semaines seulement après l’offensive allemande et l’exode qui s’en est suivi – huit millions d’habitants migrant soudainement du Nord vers le Sud de la France – puis l’annonce de la défaite à la radio par le Maréchal Pétain, ont eu des conséquences désastreuses sur l’organisation de la société et son moral.

Le traumatisme du peuple français créé par ces événements est immense. La France s’est partagée en deux camps : ceux qui ont accepté bon gré mal gré à la défaite et ceux qui l’ont refusée.

La première figure de Résistance sur notre territoire, présenté par Christophe Greffet, est Armand Veille, né le 6 octobre 1908 à Pont-de-Veyle. Il est élu maire de Crottet en 1935. Il est issu d’une famille de marchands de matériaux (vers la Croisée de Bâgé). Au début de la guerre il est affecté à la caserne de Bourg-en-Bresse. Après le bombardement de la ville, le régiment se replie dans le Gard puis c’est l’armistice du 22 juin. Armand Veille est socialiste et anti-fasciste, comme son père qui a repeint sa maison en rouge à l’avènement du Front Populaire !

En 1941, il anime la section des Droits de l’Homme dans le canton de Pont-de-Veyle. Dénoncé, il est révoqué en 1941. Il rencontre le gendarme Rémy Tortet, puis fonde, au début de 1943, l’Armée Secrète de Crottet (secteur C8). Il deviendra chef du sous-secteur de Pont-de-Veyle en 1944. Il participe à des actions dangereuses. Le 19 août 1944, alors qu’il va chercher de l’essence pour le maquis à Mâcon, la Feldgendarmerie arrête le véhicule pour un contrôle à Saint-Clément-lès-Mâcon. En tentant de s’enfuir, il est abattu.

Pour relire notre article d’août dernier sur ce probable guet-apens : https://laindependant.fr/saint-clement-macon-une-gerbe-pour-honorer-la-memoire-de-trois-resistants/

La deuxième figure est Paul Morel, comptable installé à Pont-de-Veyle pour une enseigne qui distribue des fruits et légumes au moyen d’une flotte de triporteurs. Il fréquente les communistes qui ont pour habitude de se réunir au « Café Blanc » à la limite de Laiz. Il écrit de temps à autres des articles dans le Journal Éclaireur de l’Ain, dont le cheval de bataille est la défense des travailleurs.
Le point de bascule de l’opinion française avec le Maréchal Pétain est le 12 août 1941 avec son discours du « vent mauvais » diffusé à la radio.
En 1941, il n’y a que 10 000 résistants (en 43, il y en aura 100 000) dont Paul Morel qui est arrêté le 18 février 1941. Il écope de 15 mois de prison puis, en novembre, il est condamné aux travaux forcés et est transféré à Chambéry. La Résistance consiste essentiellement à distribuer des tracts. Après le discours de Pétain, la répression commence.
Paul Morel, sentant que ça va mal finir pour lui, décide avec cinq autres camarades de s’évader, avec la complicité du directeur de la prison de Chambéry. Une cour improvisée en quelques heures les condamne à mort. Malgré une poursuite avec des chiens, ils arrivent à se réfugier en montagne.
Paul Morel intègre les Francs-tireurs et partisans (organisation fondée en 1942 par le Parti communiste français). Il sillonne alors la France.
Le 3 juillet 1944, Paul Morel est victime d’une souricière à Oullins. Il est arrêté, jeté aux chiens,
torturé à mort. Son corps disparait. Sa femme n’apprendra son décès qu’après la Libération.

Paul Morel et Armand Veille incarnent une gauche déterminée qui n’hésitera pas à agir malgré le pacte germano-soviétique. À la rupture de celui-ci, leur engagement se renforce encore.

La troisième figure est Aimable Chayne, dit « Maurice », né le 7 avril 1899 à Saint-Martin-Lys (Aude). Orphelin, il est placé à 13 ans dans une ferme. En 1916, à 17 ans, il est volontaire pour partir au combat. Il en reviendra sauf mais commotionné. En 1940, il est marié et obtient une recette buraliste à Vonnas.

En 1942, après des contacts avec Paul Pioda et Michel Pesce de Bourg-en-Bresse, il entre dans la Résistance, au sein du secteur C8 de l’Armée Secrète, il commande le sous-secteur de Vonnas. En 1943, il place des réfractaires au Service du travail obligatoire dans des fermes, puis ravitaille le camp de Catane dans les bois d’Illiat et ceux de la haute vallée de l’Ain. En outre, Aimable Chaynes participe à la réception et au camouflage de nombreux parachutages dans son secteur, notamment à Perrex.

Fin août 1943, il est arrêté à son domicile suite à une dénonciation ; pendant le trajet vers la gendarmerie, il a le temps d’avaler le plan du camp d’Illiat, alors qu’à la recette buraliste, son épouse brûle les tampons et faux papiers.

Aimable Chaynes est interné à Bourg-en-Bresse, puis à la prison Saint-Paul à Lyon, jusqu’à son procès. Il est condamné par le tribunal spécial à 25 ans de prison et à 10 000 francs d’amende. Il est ensuite transféré à la centrale d’Eysses où il est interné plusieurs mois, puis dirigé sur Compiègne en mai 1944 et enfin déporté à Dachau puis Flossenburg, où il meurt le 23 novembre 1944.

Après sa conférence, Christophe Greffet a remercié la présence des petits enfants de Paul Morel.


EN PRATIQUE

Exposition « La Veyle occupée, la Veyle liberée » visible jusqu’au 17 mars 2024

Au château de Pont-de-Veyle, dans le salon d’honneur du château.
Tous les samedis et dimanches de 14h à 18h.
Entrée libre et handi-accessible.
N’hésitez pas à emmener vos enfants et petits-enfants.

Texte & photos : Frédéric Chalot

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